Ma vie en Rouge et Or : Maxym Lavallée

Footballmixte vendredi le 2 août 2024, 9:35

Double champion de la Coupe Vanier, Maxym Lavallée a passé cinq saison (et six ans!) au sein du programme Rouge et Or. Il a notamment été nommé recrue défensive de l’année en 2018. Capitaine de 2021 à 2023, Maxym Lavallée raconte, à sa manière, comment le Rouge et Or a façonné l’homme qu’il est maintenant. 


Comme le titre « Ma vie en Rouge et Or » le dit, je voulais écrire ce texte pour me remémorer et partager mes meilleurs moments avec le Rouge et Or. Mais d’abord, j’aimerais vous expliquer comment j’y suis arrivé.

Je suis originaire de Gatineau et j’ai commencé à jouer au football à l’âge de sept ans dans la ligue civile d’Ottawa. Ironiquement, tous les membres de ma famille sont des joueurs de hockey. Quand j’étais jeune, je souhaitais aussi jouer au hockey, mais sans faire les efforts pour apprendre à patiner (vous devinerez que je n’ai jamais joué au hockey…  et même, je ne sais toujours pas patiner aujourd’hui!).

Je ne savais pas quel sport pratiquer quand j’étais jeune. Mon père m’a proposé le baseball, mais je n’aimais pas les uniformes lignés. Il m’a proposé l’escrime, car j’aimais bien le Moyen Âge et les épées, mais je ne trouvais pas ça assez guerrier pour moi. Un jour, une équipe de football civil a ouvert ses portes à Gatineau et mon frère s’est inscrit. Mon père m’a proposé de venir le voir pratiquer, pour voir si j’aimais ça. Après la pratique, j’étais inscrit pour l’entrainement du lendemain et je n’ai jamais arrêté depuis.

À l’adolescence, je mangeais du football. Et il y a une histoire que j’adore raconter. En 2013 et 2014, je jouais dans une ligue d’été en Ontario tout en participant, en même temps, au tournoi de la Coupe Spalding. J’ai réalisé une séquence de cinq matchs en huit jours. Samedi à Toronto, dimanche et mercredi à Montréal, samedi à Ottawa et dimanche encore à Montréal (merci à mes parents pour les transports!).

Quand ma saison d’été se terminait, je commençais mes ligues civile et scolaire (en même temps). Chaque semaine, j’avais six pratiques et deux matchs. C’est un total de 34 matchs de football en six mois. On peut dire que j’ai bien dormi ces deux années-là.

Le prochain chapitre de ma vie débute quand je décide de déménager seul à Québec pour jouer en division 1 au Campus Notre-Dame-de-Foy. C’était la seule équipe de division 1 qui m’avait recruté et je croyais, comme mon père, qu’en jouant et pratiquant contre les meilleurs, j’allais devenir meilleur. Au cours de ces trois années, j’ai réussi à faire ma place au sein de l’équipe en étant partant dès ma première année, en gagnant un Bol d’Or et en me développant suffisamment pour me faire remarquer par les plus gros programmes universitaires. Il ne me restait qu’à choisir dans lequel j’allais poursuivre mon parcours.

Mon choix : le Rouge et Or

Je me rappelle du 18 novembre 2017, alors que je regardais le match du Rouge et Or à la Coupe Mitchell contre les Dinos de Calgary. C’était un match difficile, mais que le Rouge et Or a réussi à gagner pour retourner à la Coupe Vanier. Je me souviens de m’être surpris à célébrer les bons coups du Rouge et Or et à leur souhaiter la victoire. C’est à ce moment que j’ai pris ma décision : j’allais rejoindre le Rouge et Or à la saison prochaine.

En annonçant la décision à ma famille, qui est plutôt crinquée, mon père et mon frère m’ont regardé et m’ont dit : « on s’en va à Hamilton pour la Coupe Vanier ». Malheureusement, le match a été très difficile à regarder avec une défaite contre Western.

En janvier 2018, je déménage dans mon nouvel appartement à Sainte-Foy. À mon premier entrainement avec le Rouge et Or, qui était prévu à 6h le matin, je suis arrivé 30 minutes en avance par peur de passer tout droit. C’était le début du Booth Camp, soit trois jours de remise en forme. À la deuxième journée, la moitié de l’équipe a vomi dans les poubelles du Stade, dont moi. Un bon départ!

Ma saison 2018 a été une saison de rêve! Je jouais un peu en défensive et beaucoup sur les unités spéciales. Après une blessure à mon coéquipier Gabriel Ouellet, j’ai obtenu mon premier départ avec le Rouge et Or, à Québec, contre nul autre que les Carabins de Montréal. Il y avait plus de 18 000 personnes et plus de 20 membres de ma famille étaient présents. Mes coéquipiers m’ont démontré beaucoup de confiance. J’étais prêt. Le match s’est rendu en prolongation. Alors que les Carabins étaient à notre ligne de 5, j’avais leur meilleur receveur de cinquième année devant moi. Six pieds trois pouces contre moi, à cinq pieds neuf pouces. Je me doutais qu’il serait visé et comme je le pensais, il a effectué un tracé extérieur court sur lequel j’ai réussi à rabattre la passe. Nous avons remporté ce match par la suite. Un départ rêvé!

J’ai continué à jouer un peu en défensive par la suite. Nous avons fini avec une fiche parfaite. J’ai joué tous les matchs et nous avons remporté la Coupe Vanier, où j’ai fait deux interceptions, dont une sur le dernier jeu du match.

Les saisons 2019 et 2021 ont été moins glorieuses, avec deux grosses défaites à la Coupe Dunsmore contre les Carabins. En 2021, j’étais un capitaine. Après la saison, j’ai eu un gros moment de réflexion avec moi-même sur la manière de faire les choses et sur comment ramener le programme vers une autre victoire de la Coupe Vanier. Durant l’hiver, plusieurs de mes coéquipiers et moi avons eu beaucoup de conversations sur la façon dont nous voulions diriger l’équipe, sur ce que nous voulions changer et sur comment recréer la culture gagnante que le programme avait dans le passé.

2022 : l’année où tout change

L’année 2022 a été énorme pour le programme. Historiquement, le Rouge et Or Football gagne un championnat à chaque deux ou trois ans, d’où la citation « those who stay, will be champions ». En échouant en 2022, le dernier titre aurait remonté à 2018, ce qui aurait été la plus longue séquence sans titre national dans l’histoire du programme! C’est quelque chose que je gardais en tête. Cela dit, il manquait quelque chose d’important dans l’équipe : un leader vocal.

À ce moment-là, j’étais quelqu’un de très peu sociable, qui ne parlait pas beaucoup et qui n’était pas trop à l’aise de parler devant beaucoup de gens en même temps. J’étais plus un leader par l’exemple, un leader silencieux. En 2022, j’ai décidé de sortir de ma zone de confort et de prendre un rôle que jamais je n’aurais penser occuper : être un leader vocal. Étrangement, c’est aussi l’année où j’ai appris et je me suis développé le plus!

Ç’a a été un bon défi personnel, car ce n’était pas naturel chez moi. Par exemple, quand j’avais des speechs à faire, je les écrivais à l’avance et je les pratiquais chez moi pour m’assurer de bien m’exprimer. Avant de parler, j’étais vraiment stressé et je me suis surpris à trembler avant de débuter un meeting de joueurs la semaine avant la Coupe Dunsmore en 2022. Au final, on a gagné ce match de la façon la plus étrange qui soit au football, mais comme on dit : « une victoire, c’est une victoire! ».

Cela nous mène à London, en Ontario, pour notre séjour de 10 jours pour la Coupe Mitchell et la Coupe Vanier. À la Coupe Mitchell, contre les Mustangs de Western, notre mauvais début de match aurait pu semer la panique au sein de l’équipe. Cependant, en tirant de l’arrière 17 à 4 à la demie, nous sommes restés calmes, confiants et positifs pour finalement l’emporter 27 à 20!

Après ce match, c’était le moment de se concentrer sur la Coupe Vanier contre les Huskies de la Saskatchewan. Trois hôtels différents, 10 jours loin de Québec entre frères, une semaine de préparation et une coupe de cheveux incroyable plus tard, nous voilà prêts pour le match ultime! J’étais tellement obsédé par gagner le championnat que je n’ai pas célébré avant que le match soit totalement terminé. J’étais super focus à garder l’équipe et moi-même concentrés sur ce que nous avions à faire. Je voulais la victoire à tout prix. Après un match rempli de rebondissements, nous avions réussi! Nous étions champions! Cette victoire avait un goût très différent de celle de 2018, vu mon plus grand rôle au sein de l’équipe.

Un autre fait intéressant sur moi est que je ne bois pas d’alcool. Cela dit, en 2022, j’avais promis à mes coéquipiers que si on gagnait la Coupe Vanier, j’allais célébrer comme il se doit après le match. J’aime penser, de manière très égoïste et comique, que ce fut un facteur très influent de notre conquête.

Durant mon parcours au Rouge et Or, j’ai eu l’honneur d’être champion national à deux reprises et je suis tellement fier de l’athlète et de la personne que je suis devenu. Je dois mon progrès à plusieurs coéquipiers et personnes qui ont été très influents dans mon développement en tant qu’athlète, humain et leader. Je pense notamment à notre groupe d’entraineurs tout simplement incroyable. J’ai pu côtoyer plusieurs autres joueurs et amis qui ont exercé une influence sur ma personnalité, mes valeurs et mon environnement.

Je suis maintenant prêt à faire face aux différents défis que la vie va me lancer et je suis certain que je vais avoir du succès, peu importe ce que je vais faire. J’ai appris à Laval que « you don’t let a defeat go to waste ». En d’autres mots, il faut continuellement apprendre de ses erreurs et le succès va venir par la suite. Je vais garder cette mentalité toute ma vie!

Dans le futur, je veux participer au développement du football au Québec, mais aussi des autres sports. Pour s’y faire, j’ai quelques idées en tête, comme devenir directeur des sports dans une école, participer à des camps de développement et de perfectionnement, devenir entrepreneur et probablement emprunter d’autres avenues qui vont se présenter dans le futur. Entre temps, un autre chapitre de ma vie débute, soit ma carrière de football professionnel.

Merci au Rouge et Or et merci à tous les gens qui ont participé à mon superbe parcours. Le plus gros merci revient à mes parents et mon frère pour tout le temps, le soutien et surtout les kilomètres parcourus pour me permettre de réussir.

J’aurai toujours le Rouge et Or tatoué sur le cœur et qui sait, je pourrai toujours faire un retour dans l’organisation dans le futur.

Maxym Lavallée